Cinq mois après les attentats de janvier, les familles des victimes attendent d’être indemnisées. Près de 250 dossiers sont en attente. L’enveloppe nécessaire est estimée entre 10 et 20 millions d’euros.
Cinq mois après les attentats de janvier, les familles des victimes tombées sous les balles des Kouachi ou de Coulibaly comme les blessés ou les témoins de ces journées sanglantes souffrant de séquelles psychologiques, attendent d’être indemnisées.
Après l’élan national, place à la comptabilité. Près de 250 dossiers sont ouverts au Fonds de garantie (FGTI) chargée de calculer les sommes dues, estimées entre 10 et 20 millions d’euros au total. Or, sauf les premières provisions, versées rapidement, les victimes n’ont rien touché. Au point que certaines envisagent de se tourner vers les tribunaux.
«Après les belles paroles publiques qui promettent l’aide de la nation, on pinaille et ça peut durer des années. C’est toujours pareil…», regrette Françoise Rudetzki, vigie depuis 1986 du droit des victimes du terrorisme et responsable de l’association la Fenvac. Une attente aux lourdes conséquences: brutalement privées de revenus, évidemment bouleversées par la perte de leur proches, certaines victimes développent des symptômes post-traumatiques sévères. Les attentats laissent aussi dix-huit orphelins qui peuvent demander le statut de pupille de la nation.
«Cela n’efface en rien la douleur et le chagrin mais permet d’avancer»
Sans être, elle, dans une situation financière précaire, Maryse Wolinski, la veuve du dessinateur de Charlie Hebdo, exprime bien son désarroi: «J’aimerais savoir sur quelles sommes compter et dans combien de temps elles me seront versées. Cela n’efface en rien la douleur et le chagrin mais permet d’avancer».
Les comptes ne sont toujours pas soldés, non plus, pour les précédents épisodes terroristes. Ainsi, Eva Sandler, la veuve de Jonathan Sandler, assassiné avec ses deux petites garçons, à l’école Ozar Hatorah de Toulouse en mars 2012 par Mohamed Merah n’a toujours rien touché. Une «aberration» pour Françoise Rudetzki, déléguée au terrorisme de l’association Fenvac. D’autres proches de victimes des tueries de Toulouse sont toujours en discussion avec le Fonds de garantie, tout comme plusieurs ex-otages, notamment les employés d’Areva et de Vinci enlevés au Niger, ou les familles des Français tués dans l’attentat de Marrakech en avril 2011.
Le prélèvement de 3,30 euros par contrat d’assurance qui permet de financer le Fonds de garantie pourrait bientôt être augmenté. Les autorités ont également prévu un scénario d’attaques terroristes majeures en France, provoquant des milliers de victimes. A ce titre, des conventions ont été passées avec de grands établissements financiers qui permettraient de dégager des sommes exceptionnelles.