L’APCARS vient de clore avec succès son premier cycle de « rencontres condamnés-victimes » au cours duquel 3 auteurs et 3 victimes de violences volontaires, qui ne se connaissaient pas, ont pu longuement échanger à cinq reprises, du 3 mars au 26 mai 2015.
Dans un cadre où la justice pénale a pour missions d’analyser des faits, dire le droit, prononcer et mettre à exécution une sanction, il apparaît que les auteurs comme les victimes d’infractions manquent parfois d’espace de parole pour réellement s’exprimer et dialoguer ensemble.
Pour ces personnes, beaucoup de questions resteront donc en suspens. Pourquoi moi ? Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas exprimé de regrets devant le tribunal ? Comment surmonter ma peur de retourner sur le lieu de l’agression ? En tant qu’auteur, comment puis-je réparer mon erreur ? Pourquoi la victime n’arrive-t-elle pas à s’en sortir ?…
Si la plupart des victimes et des auteurs décident de « tourner la page », d’autres expriment le besoin de poser des mots sur ce qu’ils ont vécu et ainsi d’être écoutées.
La justice restaurative s’inscrit dans un processus dynamique dont l’objectif est la recherche de l’instauration d’un dialogue respectueux entre auteurs et victimes d’infractions pénales, où la confidentialité et la sécurité sont garanties. Elle participe à une prise de conscience des répercussions d’une infraction et tend à favoriser la réparation et la reconstruction de chacun.
Ayant observé l’essor que prenait la justice restaurative à l’étranger, notamment au Canada mais aussi en Belgique, l’APCARS s’est engagée dès 2013 à en importer les bonnes pratiques sur notre territoire. A ce titre, elle a établi un partenariat scientifique avec l’Institut Français pour la Justice Restaurative (www.justicerestaurative.org), présidé par le professeur Robert Cario.
Le service régional de justice restaurative de l’APCARS s’ouvre en juin 2014 et mobilise deux juristes spécialisés dans ce domaine.
Le 15 août 2014, la loi n°2014-896 relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales vient officialiser la justice restaurative en France.
La Chancellerie devient alors le principal partenaire du service de justice restaurative de l’APCARS et suivra très attentivement ses expérimentations.
Une convention est signée le 1er octobre 2014, entre l’APCARS, le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation du Val d’Oise (SPIP 95) et l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire (ENAP) afin d’organiser un cycle de « rencontres condamnés – victimes » (RCV) à Paris. Une première en France.
Pour des raisons de confidentialité (condition indispensable en justice restaurative), le bilan de ces premières rencontres respectera l’intimité et l’anonymat des participants.