(Ottawa) Des compressions dans des programmes de réinsertion sociale des détenus dans des pénitenciers fédéraux mettent la sécurité du public en danger, assure l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ). Ces craintes font écho à celles formulées récemment par le vérificateur général. Mais Service correctionnel Canada (SCC) estime qu’elles ne sont pas fondées.
SCC a décidé de mettre fin à sa participation ou de la réduire dans plusieurs programmes offerts en collaboration avec des groupes communautaires du Québec et d’ailleurs au Canada. Ces programmes incluent des services d’aide et de placement pour trouver un emploi et de l’accompagnement pour des délinquants sexuels qui sont relâchés dans la communauté.
« Ces exemples démontrent le changement de philosophie qui est en train de s’opérer au sein du SCC », a dénoncé l’ASRSQ dans une lettre rédigée au cours des derniers jours.
L’association regroupe quelque 64 organismes communautaires, dont certains sont touchés par ces coupes évaluées à environ 1 million de dollars par an.
« Ce virage pourrait poser des risques importants en termes de sécurité publique », a ajouté l’ASRSQ.
«N’oublions pas que plus de 90 % des détenus, peu importe la durée de l’emprisonnement, vont sortir un jour de détention.» L’Association des services de réhabilitation sociale du Québec
L’organisme demande à SCC de revenir sur sa décision, une demande que l’agence qui administre les pénitenciers fédéraux ne semble pas près d’accepter.
« Le SCC a procédé à un réexamen de l’ensemble des contrats en cours avec nos différents partenaires. Cet exercice visait à réévaluer nos besoins et priorités ainsi que la nature des services offerts par notre personnel et les partenaires », a expliqué un porte-parole.
« Le SCC a décidé de procéder au remaniement de certaines responsabilités qui étaient prises en charge jusqu’ici par certains partenaires afin d’y répondre via sa propre structure organisationnelle. »
Des doutes
David Henry, coordonnateur à l’ASRSQ, doute de la capacité réelle de SCC d’ainsi augmenter ses responsabilités. « Comment, dans un contexte de restrictions budgétaires et notamment de baisse d’effectifs, le SCC compte-t-il réellement pouvoir offrir des services supplémentaires ? » a-t-il lancé.
Ces critiques sont formulées quelques semaines après la publication d’un rapport du vérificateur général du Canada, Michael Ferguson, qui a lui aussi soulevé de sérieuses préoccupations quant aux conditions de réhabilitation des personnes détenues dans des pénitenciers fédéraux.
M. Ferguson a noté que ces détenus passent de plus en plus de temps derrière les barreaux, donc moins de temps en liberté surveillée avant d’être libérés complètement à la toute fin de leur peine.
Il a aussi conclu que de nombreux détenus ne terminent pas leur programme de réinsertion avant d’être admissibles à la libération conditionnelle ; que de nombreux délinquants ne sont pas aiguillés vers les programmes appropriés ; et que SCC n’a pas élaboré d’outils pour évaluer les avantages de certaines initiatives, dont celles relatives à l’emploi et l’éducation.
Quelques programmes visés par les compressions
Option-Vie > Arrêt du financement. Offrait un encadrement par d’anciens détenus aux détenus condamnés à vie.
Service d’employabilité en détention ou en communauté > Arrêt et réduction du financement. Formations pour réintégrer le marché du travail, dont la recherche d’emploi.
Programme d’accompagnement des bénévoles > Arrêt du financement. L’enveloppe consentie à des organismes pour l’embauche d’un coordonnateur des bénévoles sera rapatriée à l’interne.
Cercles de soutien et de responsabilité > Arrêt du financement. Trois ou quatre bénévoles s’engageaient à soutenir un délinquant sexuel à haut risque de récidive lors de son retour dans la communauté.
Association de rencontres culturelles avec les détenus > Arrêt du financement. Rencontres sportives, sociales ou artistiques organisées avec des détenus parfois privés d’expériences ou d’exemples positifs.