Comment sont accompagnées les familles des victimes après une catastrophe aérienne

Cent cinquante personnes sont mortes dans le crash de l’A320 de Germanwings dans les Alpes, mardi 24 mars. Francetv info dresse la liste des différentes étapes de la prise en charge de leurs familles. 

Dans l’urgence : création d’une cellule d’aide aux familles

Quand survient une catastrophe aérienne sur le territoire français, le préfet est en charge de mettre en place une cellule psychologique d’aide aux victimes ou aux familles de victimes. Depuis 1995, il existe des cellules d’urgence médico-psychologiques (CUMP). Celles-ci ont été créées après l’attentat de la station RER Saint-Michel à Paris et sont organisées « en cas d’événements psycho-traumatisant » et donc lors de catastrophes aériennes. Elles sont composées de psychiatres, de psychologues et d’infirmiers spécifiquement formés aux situations d’urgence. Leur rôle est d’intervenir immédiatement et sur le court-terme. Ces cellules sont rattachées au SAMU.

« Notre première mission, c’est la reconnaissance de la souffrance, y compris quand elle n’est pas physique », explique au Parisien le docteur Christian Navarre, pionnier des CUMP et auteur de Psy des catastrophes, dix années auprès des victimes (Imago, 2007). Il s’agit d’apporter une réponse immédiate à un moment de chaos. Les gens que nous entourons sont surpris par un deuil auquel ils ne s’attendaient pas. Ils se sont levés sans penser à la mort, et voilà qu’elle les touche sans prévenir. » 

Dans les premiers jours : premiers entretiens psychologiques

Les premiers instants de prise en charge sont très importants, confie au Figaro, le docteur Nathalie Prieto, psychiatre et responsable du CUMP au Samu de Lyon (Rhône). Il faut évaluer rapidement l’état psychique des proches. « L’une de nos missions est de détecter ce qu’on appelle des deuils pathologiques, c’est-à-dire les personnes qui n’ont pas enclenché le processus de deuil, détaille-t-elle. Nous allons alors observer de près les sujets qui font un déni et qui n’ont pas intégré la perte d’un proche. Mais aussi celles qui vont avoir une réaction de sidération, en étant complètement déconnectées et hébétées. »

ll faut aussi « restaurer les conditions d’un deuil habituel », affirme dans Le Parisien, le professeur Didier Cremniter, psychiatre référent national chargé de l’organisation et de la coordination des CUMP. Il s’est notamment occupé des familles des victimes des vols Rio-Paris et Air Algérie.

Il est souvent compliqué d’accepter la mort d’un proche en l’absence, dans un premier temps, des corps et des objets personnels ayant appartenu aux défunts, précise Christian Navarre dans Psychologies« Pour ceux qui restent, il est bon de voir l’endroit où ses proches sont morts symboliquement, qu’il y ait une cérémonie », ajoute-t-il. Lors du crash de Charm el-Cheikh (Egypte) en 2004, le psychiatre a accompagné les familles des victimes pour qu’elles déposent des gerbes de fleurs à l’endroit supposé de l’accident, au milieu de l’océan. Sur terre, une stèle a été érigée.

A long terme : suivi avec une association

Une fois l’urgence passée, la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectif) prend le relais, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères. Son rôle est un accompagnement sur le long terme.« Nous sommes là pour proposer une aide juridique, un soutien dans la durée et plus globalement, faire évoluer la prise en charge des victimes par les pouvoirs publics », affirme au Figaro, Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fenvac.

Au sujet du crash de l’A320, « l’accompagnement va prendre des mois, voire des années » déclare à l’AFP Stéphane Gicquel. Dans ce cas précis, la difficulté résulte selon lui sur la « dimension européenne » de la catastrophe. « Aujourd’hui, il y a un grand risque de traitement inéquitable. Même s’il n’y a qu’une famille danoise, elle va avoir la même douleur qu’un groupe d’Espagnols. Il faut une coordination européenne pour que personne ne soit oublié« , insiste-t-il.

 

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