Contrainte pénale : la justice « restaurative » arrive en France

La justice «restaurative» consiste à créer des groupes de parole entre auteurs de délits et victimes.

La justice «restaurative» arrive dans les bagages de la contrainte pénale. Elle fait encore l’objet d’expérimentations, mais les 130 associations de victimes françaises se préparent à voir son usage se répandre à vitesse grand V et commencent même à proposer des formations. Cette nouvelle mesure dite psychologique est même mise en avant par l’Administration pénitentiaire. Elle consiste à créer des groupes de parole entre auteurs de délits et victimes. Son but, permettre à ces dernières de se reconstruire après un traumatisme et aux auteurs de prendre conscience des répercussions de leurs actes, et des dommages commis.

Ces rencontres, au nombre de trois ou quatre en tout, peuvent s’étaler de six mois à un an. Elles sont soit individuelles, soit collectives, associant un nombre égal de victimes et d’auteurs de délits. Pas plus de quatre ou cinq personnes de chaque côté de la table. «Autrement dit, souligne un juge d’application des peines circonspect, cela reste des actions infinitésimales, du cousu main pour quelques détenus triés sur le volet, alors que nous sommes confrontés à une délinquance de masse.» Selon les professionnels de la justice, au mieux, cela concernera dans les prochaines années quelques centaines de bénéficiaires, et en rythme de croisière, on ne dépassera pas le millier de personnes. D’autant que tout le monde n’est pas éligible à ce type de suivi à but psychologique mais non thérapeutique.

En 2010, ces groupes de parole ont été testés à la maison centrale de Poissy pour des détenus ayant commis des homicides. Des expérimentations sont actuellement en cours à Bordeaux, Pau et Dax. L’Apcars, l’Association de politique criminelle appliquée et de réinsertion sociale, qui comporte un département d’aide aux victimes, finalise actuellement un projet avec les services pénitentiaires d’insertion et de probation du Val-d’Oise et le tribunal de Pontoise. «Nous axons ce projet sur les condamnés – et non les détenus – ayant commis des violences», explique Frédéric Lauféron, directeur général de l’association socio-judiciaire, qui intervient largement en région parisienne et notamment dans les tribunaux de Bobigny et Créteil. La prochaine étape non encore testée est la médiation «restaurative». Un dispositif qui mettra cette fois face à face l’auteur… et sa victime.

source : Lefigaro.fr
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