Par Jean-Marc Leclerc. Publié sur LeFigaro.fr, le 19 aout 2009.
Devant la hausse des violences et des cambriolages, le ministre de l’Intérieur va réunir policiers et gendarmes le 1er septembre et convoquer vingt préfets enregistrant les meilleurs et les pires résultats dans la lutte contre la criminalité.
Brice Hortefeux frappe du poing sur la table. La publication par l’Observatoire national de la délinquance (OND) d’un bilan annuel des crimes et délits révélant notamment une hausse inquiétante de 12 % des cambriolages, a fait l’effet d’un électrochoc au sommet de l’État. «J’ai décidé de convoquer par anticipation, dès le 1er septembre, tous les directeurs départementaux de la sécurité publique et les commandants de groupement de la gendarmerie», annonce ainsi au Figaro l’hôte de la place Beauvau. «Je leur fixerai, poursuit-il, des objectifs précis de baisse de la délinquance. Il faudra mettre un coup de collier contre les cambriolages». Cette grand-messe était prévue initialement le 14 septembre.
Par ailleurs, dès mercredi, Brice Hortefeux se rendra à Perpignan pour encourager l’action de ses services dans la lutte contre la drogue. «Je revendique la transparence et l’honnêteté des chiffres», affirme-t-il. D’autant plus décomplexé pour évoquer ceux qui fâchent qu’il hérite d’une situation dont il n’est pas responsable. Il ne critiquera pas toutefois l’action de son prédécesseur, Michèle Alliot-Marie. «Puisque la délinquance change, se contente-t-il d’expliquer, les modes d’action vont évoluer».
Et la méthode promet d’être musclée. Dans les jours qui viennent, «je vais convoquer vingt préfets», prévient le ministre. Les dix plus mauvais seront confrontés aux dix meilleurs «pour analyser, assure-t-il, les raisons des écarts de performance entre départements en matière de lutte contre la délinquance». Des mouvements importants à la tête de la police et de la gendarmerie seraient également envisagés.
Brice Hortefeux veut profiter de la publication ce mois-ci de la loi consacrant le rapprochement de la police et de la gendarmerie pour renforcer l’efficacité de ses services. «Mais pas question de fusionner les deux institutions», insiste-t-il. Il compte également «tripler le nombre de caméras de surveillance sur la voie publique», vantant leur «pouvoir de dissuasion», mais aussi leur intérêt pour identifier les auteurs . Leur nombre passera donc de «20 000 à 60 000, d’ici à 2011», précise-t-il.
Sur le bilan de la délinquance, Brice Hortefeux se veut nuancé. «Après sept années de baisse intense des crimes et délits, nous atteignons visiblement un palier», estime-t-il. Selon lui, «les atteintes aux biens sont descendues à un niveau historiquement bas , mais la hausse des violences n’est pas acceptable». Et d’insister : «Je ne suis pas de ceux qui vont trouver des circonstances atténuantes aux voyous. Ce n’est pas parce que notre pays est frappé par la crise mondiale que certains comportements peuvent être excusés».
Inscrivant ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy, le nouveau «premier flic de France» répète à l’envi que «l’impunité n’existe pas». Au reste, il note que les gardes à vue et les mises en cause n’ont cessé d’augmenter ces dernières années, parallèlement à la hausse du taux d’élucidation qui avoisine désormais les 38 %. «Sous les socialistes, rappelle-t-il, ce taux était inférieur à 25 %. Ce qui signifie que trois délinquants sur quatre échappaient alors aux forces de l’ordre».
«La police et la gendarmerie ont donc réussi à faire mieux sans un fonctionnaire ou un militaire de plus, puisque les effectifs supplémentaires accordés au temps de Nicolas Sarkozy n’ont fait que compenser les effets des 35 heures votées sous la gauche», renchérit l’un de ses conseillers.
Qu’en sera-t-il demain, si les effectifs diminuent de 5 à 10 % en application de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) dictée par Bercy ?
Le ministre de l’Intérieur marche sur le fil du rasoir. Il doit remobiliser ses troupes, sans oublier de leur rendre hommage pour le travail déjà accompli. Et sans perdre de vue qu’ils seront d’autant plus combatifs qu’ils seront en nombre suffisant pour affronter les nouveaux défis.
Quoiqu’il en soit, un tassement dans les résultats a bien été enregistré depuis le printemps. Et le ministre met en garde : «Je ne vais pas m’en satisfaire».