«Libération» a eu accès en exclusivité à une étude destinée au Défenseur des droits sur les jeunes logés par les services sociaux dans des hôtels. Le texte souligne les «effets délétères» de ce mode de vie sur la scolarité, la santé…
Ils s’appellent Ovik, Sekkura, Kouma, Mirhan, Andrea, ou Zenia. Comme des dizaines de milliers d’enfants et adolescents de leur âge, ils sont «logés» depuis des années dans l’exiguïté d’une chambre d’hôtel avec leurs parents, faute d’un vrai logement adapté aux besoins de leur famille. Une étude, menée par le sociologue Nicolas Oppenchaim de l’université de Tours et Odile Macchi de l’observatoire du Samu Social de Paris, pointe les «effets délétères» de ce type d’hébergement sur les relations familiales, la scolarité et la santé des jeunes qui y grandissent. Pour réaliser leur rapport (1), soutenu et remis au Défenseur des droits Jacques Toubon, les auteurs ont interrogé une quarantaine d’enfants, majoritairement âgés de 11 à 18 ans. Une étude publiée ce lundi à laquelle a eu accès Libération en exclusivité.
Quelles sont les familles logées à l’hôtel ?
C’est un phénomène peu connu : depuis la fin des années 90, des familles «majoritairement étrangères» constituent «une part considérable de la population» sans logement en France. Notamment dans les grandes agglomérations, où l’offre locative est insuffisante et financièrement pas toujours accessible aux foyers très modestes. En 2017 par exemple, outre les ménages accueillis dans des structures comme les centres d’hébergement (CHU, CHRS) ou les centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada), plus de 21 000 familles, représentant 58 247 personnes, ont été hébergées dans des hôtels en Ile-de-France.