La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a convoqué ce jeudi 25 juin les aumôniers de prison des sept cultes présents dans les établissements français (catholique, protestant, musulman, juif, témoins de Jéhovah, orthodoxe et bouddhiste). Au centre des débats : l’amélioration du statut et la formation des aumôniers. Sujets d’autant plus d’actualité, en raison du rôle que les aumôniers musulmans jouent dans la lutte contre la radicalisation en prison.
Seuls 160 aumôniers musulmans interviennent dans les prisons françaises. C’est largement insuffisant, estime l’aumônier national musulman Moulay el Hassan el Alaoui Talibi. Pour pouvoir en recruter plus, il faudrait renforcer leur statut : « C’est-à-dire une couverture sociale, une retraite parce que c’est le bénévolat actuellement. On peut demander à quelqu’un de donner son temps, on ne peut pas lui demander de payer de sa poche. »
Si l’on veut disposer d’intervenants efficaces, il faut bien les former, concède-t-il, mais là encore, hors de question que la formation soit à leurs frais :
« La formation, c’est à côté de la laïcité, la connaissance des institutions. Donc c’est l’Etat qui s’en charge, mais c’est un diplôme proposé, universitaire, payant. Donc il faut que l’Etat le rende gratuit. »
L’aumônier protestant national Brice Deymié souligne, lui aussi, pour permettre à ces homologues musulmans de lutter contre l’islam radical en prison, il faut leur donner les moyens :
« Mon collègue musulman a raison. Dans certains établissements, il serait absolument nécessaire d’avoir dans des centrales difficiles – il y a des cas très lourds – quelqu’un de formé spécifiquement. Et donc il faut bien payer la personne. Elle ne peut pas faire ça bénévolement à temps partiel. Ce n’est pas possible, il y a trop de cas lourds. »
La ministre et les aumôniers vont poursuivre leur réflexion en juillet pour trouver des réponses concrètes à toutes ces questions soulevées.