Article de Delphine Chayet, publié le 04 février 2010 sur LeFigaro.fr
En dix ans, la consommation de cocaïne s’est étendue et démocratisée, tandis que l’héroïne, quasiment disparue dans les années 1990, fait aujourd’hui un timide retour. Ces deux constats émergent du rapport «Tendances récentes et nouvelles drogues», publié ce jeudi par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Ils reposent sur l’observation des consommateurs réguliers et de l’espace festif, considéré comme à l’avant-garde des pratiques.
Autrefois réservée à une élite, la cocaïne se diffuse dans des sphères toujours plus larges de la société. Plus d’un million de Français l’ont expérimentée. Perçue comme une drogue festive et peu dangereuse, son image est extrêmement positive. «Les publics qui la consomment sont désormais très diversifiés, du milieu festif aux classes moyennes», souligne Jean-Michel Costes, directeur de l’OFDT. Contrairement à une idée reçue, son usage est plus important chez les chômeurs que dans la catégorie des actifs. C’est une drogue très disponible, qui emprunte les circuits de distribution du cannabis. Elle est très présente dans certains bars musicaux ou discothèques, notamment à Lille, Paris, Rennes et, dans une moindre mesure, Toulouse.
La cocaïne semble promise à un bel avenir. «L’attrait pour ce produit ne semble guère se démentir, malgré les conséquences problématiques, financières et psychiatriques en particulier, rapportées par les professionnels», souligne le rapport Trend, pour la période 2006 à 2009.
La réapparition de l’héroïne, désormais inhalée ou fumée, est également confirmée par les observations faites sur le terrain. «On la retrouve chez les toxicomanes, qui l’avaient délaissée, mais aussi dans des milieux mieux insérés, observe Jean-Michel Costes. Cette drogue n’est plus diabolisée.» Le phénomène, encore très marginal, mérite une surveillance particulière, selon l’OFDT. D’autant que le nombre d’overdoses est reparti à la hausse depuis 2003. Ces accidents pourraient s’expliquer par la méconnaissance des dangers de cette drogue.
Le rapport Trend consacre par ailleurs un chapitre aux produits et aux trafics. À 5 € le gramme, la résine de cannabis est le produit le moins cher sur le marché – son prix n’a pas baissé ces dernières années. Il est aussi le produit illicite le plus consommé en France. La cocaïne reste, elle, la drogue la plus onéreuse (60 € le gramme en moyenne), alors que le gramme d’héroïne s’écoule à 40 € et d’ecstasy à 7 €. De fortes disparités, selon les régions ou la qualité du produit, sont cependant constatées.
La lutte contre le trafic et l’usage de drogues se sont intensifiés ces dernières années, avec un nombre record de 176.000 interpellations en 2008. Le nombre d’arrestations pour trafic a augmenté de 67% en deux ans. À cette activité policière, répond une adaptation de l’organisation des trafics, note le directeur de l’OFDT : «Les microtrafics, portant de sur de toutes petites quantités, se développent et compliquent la tâche des enquêteurs.» L’usage du téléphone portable pour se donner rendez-vous et les transactions furtives dans le métro se répandent.
La place, de plus en plus importante, prise par Internet ces dernières années est enfin mise en évidence. De nombreux sites proposent aujourd’hui un éventail de produits psychoactifs à l’attention de jeunes cherchant de nouvelles expérimentations : plantes et champignons hallucinogènes, drogues de synthèse, mélanges d’herbes. Ces produits sont généralement labellisés «légaux», mais leurs effets et leur toxicité sont peu connus des acheteurs.