La «justice en danger» manifeste à Paris

Article publié le 29/03/2011 sur liberation.fr



Plusieurs milliers de juges avocats, greffiers excédés ont défilé ce mardi pour réclamer des moyens «dignes d’une grande démocratie».

Regroupés derrière une banderole «la justice est en danger, unissons-nous!», plusieurs milliers de professionnels de la justice ont manifesté mardi après-midi à Paris pour réclamer des moyens «dignes d’une grande démocratie européenne».


«Justice à deux vitesses, il faut que ça cesse!», «la justice est dans la rue, Sarko, Mercier, vous êtes foutus!», criaient les manifestants, magistrats et avocats en robes, greffières, surveillants de prison, beaucoup d’éducateurs et conseillers d’insertion…


Partis de la place Saint-Michel, près du palais de justice, les participants (2600 selon la police, environ 5000 selon des organisateurs) ont défilé jusqu’aux Invalides. Des délégations ont été reçues à l’Assemblée nationale par le président de la commission des Lois, Jean-Luc Warsmann, ainsi que par des représentants des groupes UMP et PS.
«Les réponses du ministre sont complètement en dehors de la réalité», a estimé Julie, conseillère d’insertion à Saint-Maur (Indre), à l’unisson des manifestants qui trouvaient très insuffisants les moyens supplémentaires annoncés le jour même par le ministre de la Justice, Michel Mercier.


Dans une interview à Ouest-France, le garde des Sceaux a annoncé la création de 485 emplois de magistrats, greffiers et éducateurs, en plus de «mesures d’urgence» annoncées le mois dernier.

«Il faut un plan à long terme, pour nous mettre au niveau des grandes démocraties européennes», a déclaré Marc Trévidic, président de l’Association française des magistrats instructeurs (Afmi). Il faut «sortir de la misère budgétaire», a jugé Christophe Régnard, de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), qualifiant les mesures annoncées de «premier pas, pour faire face à de nouvelles charges, mais pas pour rattraper le retard historique».

Ces mesures vont «nous empêcher de régresser de la 37e à la 39e place européenne», a raillé Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la Magistrature (SM, gauche), en référence à un classement du budget par habitant consacré à la justice dans 43 pays, publié en 2010 par le Conseil de l’Europe.

Des représentants de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) d’Ile-de-France portaient des personnages de carton, pour symboliser «le nombre de postes supprimés». «Plus de moyens humains = moins de récidive», disait une pancarte du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) de Strasbourg.

Des greffières du tribunal pour enfants de Nancy brandissaient des petits panneaux montrant une caricature du président se cassant la figure. «Nicolas Sarkozy chute après avoir glissé sur des petits pois», disait le texte, allusion au terme employé jadis par le chef de l’Etat pour qualifier les magistrats.

Cette manifestation organisée à l’appel de 26 organisations syndicales et professionnelles fait suite au mouvement de protestation qui avait agité en février le monde de la justice, scandalisé d’avoir été mis en cause par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Laetitia, la jeune fille de Pornic dont le meurtrier présumé est un délinquant multirécidiviste.


Quelques actions ont également été menées mardi en régions, et des audiences non urgentes ont été renvoyées dans certaines juridictions.

A Bayonne, quelque 80 personnes se sont rassemblées devant le TGI, où deux banderoles ont été déployées: «La justice se dépouille mais ne se dérobe pas» et «Justice sinistrée, démocratie en danger». A Pau, une vingtaine de magistrats, greffiers et avocats se sont réunis au tribunal.

(Source AFP)

source : liberation.fr
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