L’association Deuxième marche et le site Internet Wipplay ont proposé à des sans-abri de prendre des photos dans les rues de Paris. Vingt-sept de leurs clichés font l’objet d’une exposition sur les pourtours de l’Hôtel de Ville.
« Cela représente l’espoir ! » Lorenzo Barranco, 55 ans, interprète sa photo intitulée Au bout, la lumière, affichée sur les grilles de l’Hôtel de Ville de Paris. Le photographe l’a prise de l’intérieur d’un tunnel étroit et arc-bouté où passent les promeneurs, sur les quais de la Seine, au pied de la place de la Concorde.
13 DÉMUNIS DANS LES RUES DE LA CAPITALE
Lorenzo Barranco suit actuellement un programme de réinsertion professionnelle et sociale. Il a participé à « Prises de rues », une expérience artistique qui invite treize démunis à photographier un endroit qu’ils connaissent bien : les rues de la capitale.
Les participants ont été sélectionnés par Deuxième marche, une association d’aide aux SDF créée il y a quatre ans. Élisabeth Tiberghien, sa fondatrice, précise la démarche : « L’art est une manière de trouver sa complète personnalité, et cette expérience peut permettre aux participants de compléter leurs CV. »
UN TRAVAIL UTILE
Chacun a reçu un appareil photo neuf et une brève formation technique. Après toute une série de présélections, un jury a retenu un total de 27 photographies qui, jusqu’au 23 mars 2015, décorent les façades de l’édifice de la rue de Rivoli.
Lorenzo Barranco est l’auteur de trois de ces clichés. À voir les badauds amassés autour de ses images, le jour de l’inauguration, il trouve son travail utile. « On montre des choses à côté desquelles les gens passent sans les voir », commente-t-il.
UNE VALORISATION SOCIALE
Sa photo La Salle de bains, en particulier, prend ainsi tout son sens. Réalisée derrière l’église Saint-Jean-Baptiste de Grenelle dans le 15e arrondissement de la capitale, elle montre simplement une paire de chaussures de ville et un jean posés sur le rebord d’une fontaine. « Cela représente pour moi la salle de bains d’été d’une personne de la rue », explique-t-il.
Outre la fonction informative de l’exposition, Bruno Julliard, adjoint au maire de Paris, y voit une valorisation sociale : « La culture est un élément important dans l’insertion des personnes en situation d’exclusion. »