Editorial. L’inflation de la population carcérale provoque des conditions de détention indignes et incompatibles avec les objectifs de réinsertion assignés à l’administration pénitentiaire.
Editorial du « Monde ». Au 1er juillet, 70 710 personnes étaient détenues dans les prisons françaises, un record historique depuis la Libération. C’est 48 % de plus qu’en 2001, et cette croissance est sans rapport avec la démographie ou l’évolution de la délinquance. Malgré le « laxisme » dont nombre de responsables politiques taxent volontiers les juges, jamais la justice n’a été aussi sévère.
Cette inflation carcérale tranche avec certains de nos grands voisins européens, qui ont entrepris une politique volontariste de réduction du nombre de personnes derrière les barreaux, comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Italie. Surtout, elle provoque des conditions de détention indignes, et incompatibles avec les objectifs de réinsertion assignés à l’administration pénitentiaire. 60 % des détenus sont aujourd’hui dans une prison occupée à plus de 120 % de ses capacités, et 30 % d’entre eux s’entassent dans des établissements où la densité dépasse les 150 %.