Jeudi, Christiane Taubira et Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA), doivent signer une convention de partenariat pour permettre aux détenus d’accéder à des contenus et des événements autour de la civilisation et la culture du monde arabe. Explications.
L’amélioration de l’accès à la culture en prison peut-elle venir casser le processus de radicalisation des détenus ? C’est en tout cas un des leviers envisagés par la Direction de l’administration pénitentiaire – au-delà du plan de lutte contre la radicalisation en prison qui prévoit des hausses d’effectif. Jeudi, elle doit signer avec l’Institut du monde arabe (IMA) une convention de partenariat pour favoriser « l’égal accès à la culture et à la civilisation du monde arabe » sur trois ans auprès des détenus, en présence de Chistiane Taubira, la Garde des sceaux et de Jack Lang, président de l’IMA.
« Une exigence de formation et d’information »
Contacté par metronews, ce dernier assure que « cette convention ne s’inscrit pas dans un contexte particulier ». Et de rappeler, qu’en tant que ministre de la Culture, il avait, dès 1986, passé un accord de ce type avec Robert Badinter, alors ministre de la Justice. « Nous sommes dans une période où nous devons avoir une exigence de formation et d’information sur ces sujets à l’égard de tous les publics, notamment en prison, mais aussi dans les collèges et lycées, observe, plus globalement, Jack Lang. L’IMA n’est pas qu’un lieu d’exposition et d’événements. Et cette action ne doit jamais s’arrêter. »
Un travail éducatif mené depuis 2010
Mais ce travail éducatif sur le terrain n’est pas nouveau. « C’est une action qui remonte à avant les attentats des 7, 8 et 9 janvier », souligne Radhia Dziri, responsable des actions éducatives à l’IMA. La convention, qui sera signée jeudi, vient en réalité officialiser un premier protocole signé le 15 novembre 2010 entre la Direction de l’administration pénitentiaire et l’IMA. Celui-ci prévoit un meilleur accès à la culture des détenus, conduisant à l’organisation d’ateliers et d’expositions pédagogiques autour de la religion ou de la calligraphie dans les maisons d’arrêt de la région parisienne, d’Orléans ou encore de Caen.
Conférences, mise à disposition des livres pour les bibliothèques des prisons, ateliers coutures auprès des femmes détenus, tels sont d’autres exemples d’actions qui seront également mises en place. Outre, le travail d’ouverture à la culture auprès des détenus, hommes comme femmes, l’objectif de la convention est par ailleurs de mettre l’accent sur la formation et la sensibilisation aux différences culturelles du personnel pénitentiaire (personnel d’insertion et de probation, personnel de surveillance, etc), souvent démuni face à la radicalisation. « C’est par la culture qu’on permet le vivre ensemble, conclut Radhia Dziri, cela permet d’ouvrir les esprits ». Reste à en mesurer l’efficacité. Le ministère, pour sa part, juge le bilan des actions menées depuis 2010 « globalement positif ».