Située au 32 quai des Orfèvres, l’association de politique criminelle appliquée et de réinsertion sociale (APCARS) intervient au sein de la justice pénale pour différentes missions notamment l’aide à l’insertion à la sortie de prison, l’aide aux victimes mais surtout pour les enquêtes sociologiques rapides (ESR). Ces dernières, demandées par la justice elle-même permettent de mieux connaître les personnes jugées.
« Nous réalisons 17 000 enquêtes sociologiques rapides (ESR) en Île-de-France par an, explique le directeur de l’APCARS, Frédéric Lauferon. Nous sommes de plus en plus sollicités car de plus en plus d’affaires sont traitées en comparutions immédiates. » Ce matin, l’association était chargée de 26 enquêtes, et d’une dizaine d’autres dans l’après-midi. Un accroissement des cas que Frédéric Lauferon juge « positif pour l’association mais ça ne l’est pas au regard du fonctionnement de la justice. » La justice est de plus en plus expéditive. Les jugements en comparutions immédiates se multiplient pour tenter de désengorger les tribunaux. Pourtant lors de ces procès, des peines qui peuvent aller jusqu’à 10 années de prison sont rendues.
L’APCARS est une association composée de 140 collaborateurs dans toute l’Ile-de-France. Ils disposent notamment d’un bureau d’enquêtes sociales rapides à Paris, Créteil et Bobigny. L’APCARS est aussi parfois chargée de réaliser des enquêtes de personnalités qui sont plus longues et plus pointues que les ESR. Ce sont parfois même des affaires très médiatiques telles que celle du gang des barbares ou de l’affaire de Tarnac. Mais les enquêtes rapides sont une grosse partie de leur travail.
« Une course contre la montre »
Les enquêteurs, pour la plupart des psychologues, disposent d’environ 1h30 pour réunir un maximum d’informations sur l’individu jugé en comparution immédiate. « C’est une enquête ni à charge, ni à décharge », affirme Frédéric Lauferon. 30 minutes sont consacrées à la personne lors d’un entretien privé dans un box situé au « dépôt », le lieu où son retenues les personnes en attendant de passer devant le juge. Malgré la petite table et les cloisons en plexiglas transparentes, « les personnes se confient assez facilement, explique Michelle notre guide. En général, c’est la première fois que quelqu’un les écoute vraiment. »
Le reste de l’enquête consiste ensuite à vérifier des informations sur la domiciliation, l’état de la santé de la personne, les relations avec la famille… Tout ceci se fait par téléphone dans un petit bureau exigu. « C’est une course contre la montre permanente », explique Frédéric Lauferon. Effectivement, les enquêteurs lèvent à peine le nez lors de notre passage, accaparés par leur tâche.
Il faut déambuler dans un véritable labyrinthe de couloirs pour arriver jusqu’au tribunal. On passe devant les célèbres voisins de l’APCARS, le 36 quai des Orfèvres. Puis, finie l’ambiance feutrée des vieux bâtiments, le tribunal de grande instance de Paris est imposant, majestueux. C’est ici que finissent les enquêtes réalisées par l’association. Transmises aux juges et aux avocats, elles servent pendant les audiences. Aujourd’hui par exemple, l’une d’elle aura permis de donner des éléments complémentaires sur la personnalité d’un prévenu. Des indices qui permettront aux jurés de rendre leur verdict dans cette affaire d’agression sexuelle sur une agent de la RATP.
Charlotte Cosset