Le cri d’alarme de l’USM sur la souffrance au travail des magistrats

Le syndicat majoritaire dénonce la surcharge de travail des juges, le mépris, l’humiliation, les insultes et le harcèlement, sans réaction suffisante de la Chancellerie.

L’Union syndicale des magistrats (USM) lance un cri d’alarme sur la souffrance au travail des magistrats. Pour l’organisation syndicale majoritaire, ses collègues sont épuisés, certains ayant mis fin à leurs jours, et il ne s’agit pas de situations rares ou exceptionnelles.

Dans un livre blanc de 78 pages intitulé « Etat des lieux, état d’alerte », l’USM dénonce une « une intensification du travail dans toutes les directions » du ministère de la Justice et « un manque de considération et de reconnaissance des efforts accomplis ». Il y a un « manque cruel de moyens non seulement matériels mais humains », d’autant plus important qu’il y a actuellement 500 postes de magistrats non pourvus.

Insultes, propos sexistes, abus d’autorité

Selon l’USM, « parler de ses conditions de travail dans la magistrature est encore tabou, plus encore quand celles-ci sont dégradées ou anormales », d’où ce livre blanc qui rassemble des témoignages, l’analyse des causes et des propositions de remèdes.

Le syndicat de magistrats insiste sur le « management inadapté » de juridictions. Des chefs de cours ou de tribunaux ont un comportement qui peut aller jusqu’au « manque de considération », au « mépris affiché », aux « humiliations infligées en public », aux « insultes, propos sexistes, abus d’autorité, paroles et décisions brutales », voire à « un véritable harcèlement ».

Discrimination à l’égard de femmes enceintes

« Plusieurs témoignages évoquent, selon ce livre blanc de l’USM, des propos discriminatoires tenus à l’encontre de femmes enceintes et de collègues qui subissent des difficultés de santé, ou des remarques déplacées sur l’aspect physique, le caractère, l’alimentation. »

L’enquête fait aussi apparaître que pour des raisons de productivité, certains présidents inciteraient fortement des magistrats à rédiger plus rapidement leurs décisions quitte à les bâcler.

Trois types de victimes de harcèlement

Quant au harcèlement moral, les victimes identifiées par l’USM sont généralement « des magistrats nouvellement arrivés dans la juridiction, des femmes accédant à des fonctions de responsabilité importantes, des magistrats qui ont déplu à leur supérieur hiérarchique en raison de leur personnalité ou de leur engagement syndical ».

Les propositions de l’USM

« Il serait temps que la Chancellerie se pose sérieusement la question des recrutements, réagit Virginie Duval, présidente de l’USM. En commençant par pouvoir les 500 postes de magistrats vacants et en allant au-delà. » La dirigeante syndicale fait deux autres propositions. Primo, un changement d’indicateurs de performance, qui ne sont que quantitatifs : « Il faut prendre en compte la qualité de rédaction, de la motivation des jugements, alors que l’on nous demande parfois de « torcher » une décision afin d’aller plus vite, ce qui a un effet négatif sur le taux de confirmation en appel. » Deusio, les formations au management devraient être obligatoires pour les chefs de juridiction : « Ceux qui en ont le plus besoin ne sont pas ceux qui les suivent ! »

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