Par Laurent Chabrun, publié dans lexpress.fr | le 26/05/2009 à 11:42
Comme le maire de Saint-Cyprien, plus de 50 détenus ont mis fin à leurs jours depuis le début de l’année. Qui sont-ils? Et pourquoi?
En se pendant dans sa cellule de la maison d’arrêt de Perpignan, le maire (UMP) de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), Jacques Bouille, 62 ans, en détention provisoire pour une affaire de détournement d’oeuvres d’art, a relancé le débat sur les suicides en prison. Estimés à une cinquantaine depuis le début de l’année 2009 par Rachida Dati, ils s’élèveraient à 59 selon l’association Ban public, qui suit ce dossier particulièrement sensible. Si sensible, d’ailleurs, que l’administration pénitentiaire se refuse, désormais, à communiquer des chiffres précis. Et c’est, du coup, grâce au recensement effectué par les militants associatifs qu’il est possible d’en savoir plus sur cette terrible épidémie.
Qui touche-t-elle? Essentiellement des hommes, qui constituent, il est vrai, plus de 96% des détenus, une seule femme ayant mis fin à ses jours. Deux tranches d’âge paraissent prioritairement atteintes: les plus de 45 ans et les 19-25 ans. Pour ces deux catégories, les raisons du suicide semblent souvent liées aux conditions particulières d’emprisonnement. Cinq d’entre eux étaient, comme Jacques Bouille, placés en détention provisoire, quatre autres avaient été punis et envoyés en quartier disciplinaire; un dernier était dans la zone des arrivants. Une dizaine de cas ont été recensés dans de « simples » maisons d’arrêt (Mont-de-Marsan, Nice, Béthune…), qui reçoivent les prévenus et les condamnés dont le reliquat de peine est inférieur à un an. Difficile donc de tirer des conclusions définitives, sauf à constater que les prisonniers qui ont choisi de se donner la mort n’étaient pas, pour l’immense majorité, des délinquants de haut vol (parfois des délinquants sexuels) et que la plupart se sont pendus dans leur cellule avec leurs draps.