CULTURE – Amener la musique là où elle ne va habituellement pas, ou peu, c’est l’objectif de l’association Sozinho qui organise depuis 2012 des concerts au centre de détention de Muret. Une initiative toujours très bien accueillie par les détenus.
Cette année, les détenus du centre de détention de Muret ont eu envie de faire entrer un peu de musique du monde entre leurs murs. Leur vœu a été exaucé : le groupe toulousain Les Bouillants viendra se produire dans l’enceinte de la prison le 24 juin prochain, pour un petit prolongement de la Fête de la musique.
C’est à l’association Sozinho que les détenus doivent ce petit moment de grâce dans leur quotidien carcéral. En partenariat avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de Muret, celle-ci organise depuis 2012 deux concerts par an à la prison de Muret : un pour la Fête de la musique, donc, et un pour Noël, « période où le taux de suicide est le plus important », indique Doni Ravinet, coordinateur de l’association.
« Ce sont des moments très attendus par la centaine de détenus qui y assistent, indique-t-il. Cela fait partie des choses qui leur permettent de tenir le coup. On sent que ça leur fait du bien, même si ce n’est pas toujours un public très démonstratif. » Périne Promelle, conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation le confirme : « La Fête de la musique mais aussi les événements que nous organisons en marge du festival Toulouse d’été ou du Marathon des mots sont toujours bien accueillis par les détenus. Cela leur permet de garder un lien avec l’extérieur, ce qui participe à notre programme de lutte contre les effets désocialisants liés à l’incarcération. »
Un moyen d’évasion et de réinsertion
Pour les artistes, tous issus du cru, ces concerts en milieu carcéral sont un moyen de se faire connaître d’un public qu’ils n’auraient pas pu toucher autrement. « L’accueil est toujours excellent, il y a une connexion assez inexplicable qui se crée », explique Camille Artichaut, chanteur et clarinettiste des Bouillants, qui s’est déjà produit à plusieurs reprises dans des centres de détention. « Je crois que notre musique, notamment le blues issu de la Nouvelle-Orléans et des champs de coton, qui appelle à la liberté et à l’émancipation, résonne d’une façon particulière pour eux. C’est leur moyen d’évasion. »
C’est d’autant plus vrai pour les détenus de la prison qui sont eux-mêmes musiciens. « A chaque fin de concert, il y a une sorte de bœuf qui s’organise, indique Doni Ravinet. Un moment exceptionnel ! » Il se rappelle notamment d’un détenu qui avait pris le micro aux côtés de la chanteuse des Ifriqians. « Durant sa détention, il avait écrit plus de mille chansons ! A sa sortie, il a repris contact avec le groupe », explique le coordinateur de Sozinho. Un bel exemple de réinsertion par la musique.