Christiane Taubira a annoncé qu’une nouvelle technologie de brouilleurs pour téléphones portables devrait être installée dans les prisons françaises d’ici fin 2015. Une volonté pour mettre fin aux communications des détenus alors que la saisie de téléphones portables a atteint un record en 2014.
Au lendemain des tueries de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes, l’administration pénitentiaire menait une large fouille. Sur les 80 cellules, principalement celles d’islamistes présumés, de nombreux téléphones portables et autres cartes SIM ont été retrouvés. Au total, en 2014, ce sont 27.524 téléphones qui ont été saisis dans les prisons françaises. Soit trois fois plus qu’en 2010, selon Isabelle Gorce, la directrice de l’administration pénitentiaire, parlant de « véritable fléau ».
Dans le « Guide du détenu arrivant« , la détention et l’usage d’un téléphone personnel restent interdits. Avec ces appareils, souvent, les détenus poursuivent leur activité criminelle. Et jouent la provocation envers les surveillants. Début janvier 2015, des prisonniers de la prison des Baumettes à Marseille, puis d’autres de la prison de Nice, affichaient leurs photos sur Facebook.
« Aujourd’hui, il en va de la sécurité des prisons, déplore Christopher Dorangeville, secrétaire national de la CGT pénitentiaire. Ces images permettent d’avoir une vue d’ensemble des établissements. »
628 brouilleurs dans les prisons françaises
Pourtant, en 2003, l’administration pénitentiaire avait fait le choix d’abandonner les brouilleurs, testés à la prison de Fresnes, « pour des raisons de forme et de fond », comme le révélait Le Parisien. En clair, la technologie n’était pas assez performante et coûtait trop cher. Toutefois, un dossier sur la sécurité en prison, édité par la ministère de la Justice, expose que 400 brouilleurs étaient installés dans les établissements en 2013.
Début janvier, Christiane Taubira rappelait qu’il n’était pas question d’abandonner les brouilleurs et d’autoriser l’usage des téléphones portables en prison. Une façon pour la ministre de la Justice d’opposer une fin de non-recevoir à la Contrôleur général des lieux de privation de liberté. Adeline Hazin, en juillet 2014, s’était dite favorable à cet usage des portables dans les établissements pénitenciers sous certaines conditions, comme un usage exclusif au cadre familial.
« Nous pensons qu’aujourd’hui, la meilleure solution, c’est le brouillage, parce que cela permet d’empêcher l’utilisation », précisait il y a quelques semaines la directrice de l’administration pénitentiaire, précisant qu’actuellement 628 brouilleurs étaient installés en France.
Une nouvelle technologie d’ici fin 2015
Problème, le modèle actuel se révèle peu efficace. « Il convient de préciser les limites de ces dispositifs notamment techniques », précisait la Garde des Sceaux, dans une réponse écrite au député UMP François Cornut-Gentille. En cause, en augmentant la puissance de ces brouilleurs, les appareils de surveillance et de télécommunication des surveillants deviennent inutiles et les communications des riverains, habitant à proximité des prisons, sont également touchées.
Pour remédier à ce problème, le ministère de la Justice devrait déployer une nouvelle technologie d’ici fin 2015 dans une dizaine d’établissements. Développés par le géant français de l’électronique, Thalès, ces brouilleurs doivent offrir une réponse plus ciblée et plus restreinte. Rien n’est encore acté, précise-t-on toutefois du côté de l’entourage de la Garde des Sceaux. « Il n’a pas été officiellement sélectionné », explique-t-on au Figaro.
Du côté des syndicats du personnel pénitentiaire, la prudence est également de mise. « Pour l’heure, ces nouveaux brouilleurs ne restent qu’une mesure il s’agit d’une mise à l’essai, il faut voir lors de l’utilisation », prévient Christopher Dorangeville, joint par BFMTV.com. Le secrétaire national de la CGT pénitentiaire regrette que des moyens qui pourraient être mis en parallèle ne soient pas envisagés. Citant notamment l’installation de portiques pour effectuer des contrôles après les parloirs, jugée nécessaire depuis que la décision en 2009 de la Cour européenne des droits de l’Homme qui interdit la fouille intégrale systématique.