Plusieurs parlementaires français ont visité une « prison ouverte » au Danemark, avec pour objectif d’importer en France le débat sur ce nouveau type de détention.
En France, alors que la création de 15.000 nouvelles places de prison ont été annoncées, certains députés espèrent peser dans le débat. Ils sont six, députés de la commission des lois de l’assemblée nationale, dont sa présidente Yaël Braun-Pivet (LREM), à s’être rendu au Danemark pour en étudier le système pénitentiaire. Le pays nordique a en effet l’un des plus faibles taux d’incarcération au monde, et l’on y trouve même des « prisons ouvertes », comme à à Horserød, au nord de Copenhague.
Pas de murs ni de miradors
Derrière un grillage, une dizaine de bâtiments en bois rouge, construits de plain-pied abritent 220 détenus, tous condamnés, principalement à des courtes peines. Ici, pas de grands murs, ni de miradors.
Lene Møller-Nielsen, la directrice, détaille la journée type d’un détenu : « Ici vous êtes enfermés dans votre cellule de 21h à 7h du matin. Tous les jours à 8h, vous devez vous rendre au travail, en cours ou suivre un programme, un traitement. Ensuite à partir de 15h c’est temps libre. Les détenus se font eux-même à manger, ils font leur lessive ou du sport ».
Les détenus ont un accès à internet dans la journée, et le téléphone dans leur cellule. Dans la cuisine commune, il y a de grands couteaux, attachés avec un câble.
Parler pour apaiser les tensions
Michaël Pieregaard, est responsable de la sécurité, et comme tous les surveillants, il a juste un téléphone avec un bouton d’alarme :
Si vous pressez ce bouton, tous les surveillants arrivent. En 23 ans, je ne l’ai jamais pressé
« C’est très facile de déclencher un conflit avec un détenu. Je peux le faire en 10 secondes. C’est bien plus difficile d’empêcher le conflit d’éclater. Mais c’est ce qu’on fait : on parle pour apaiser les tensions ».
Et pourtant, à Horesrød, il y a peu de violences, quasiment pas de suicide, et très peu d’évasions. Ce qui frappe, c’est l’apaisement qui règne entre surveillants et détenus. Il y a tout de même 5 cellules disciplinaires, pour ceux qui enfreignent les règles. Les députés trouvent d’ailleurs que c’est le seul endroit qui fait penser à une prison française…
Le modèle danois est-il exportable ?
Il existe une seule prison ouverte en France, à Casabianda en Corse, pour des détenus condamnés à de longues peines.
Au Danemark, les 8 prisons ouvertes accueillent un tiers des 3 600 détenus danois, et c’est le mode de détention normal pour les peines en dessous de 5 ans. En cas d’incident, par exemple une tentative d’évasion, les détenus sont transférés en prison fermée.
Mais cette souplesse est possible parce qu’il n’y a pas de surpopulation carcérale au Danemark. Thorkild Fogde est le directeur général des prisons et des services de probation :
« On tente de maintenir le taux d’occupation des prisons à 96%. Chaque année, notre département statistique essaie de calculer combien d’années de prison vont sortir du parlement. Nous disons aux élus : si vous voulez augmenter les peines pour ce type de crime, il faut prévoir, disons, 50 cellules de plus ».
Nous essayons de garder un faible nombre de détenus, parce cela coûte cher, en termes économiques mais aussi humains, d’avoir des gens en prison
La France, avec ses maisons d’arrêt surpeuplées, semble à des années-lumière du Danemark. Peut-on tout de même s’en inspirer? Les prisons ouvertes coûtent moins cher, et génèrent moins de récidive. La commission des lois, qui rendra son rapport sur le sujet à la mi-mars, espère ouvrir le débat.
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