Une coopération renforcée entre les ministères de la Justice et de l’Intérieur.
« Une coopération de très grande qualité, mise en œuvre dans un esprit de loyauté et de responsabilité ». C’est ainsi que la garde des Sceaux a qualifié la relation unissant les services de renseignement pénitentiaire et ceux du ministère de l’Intérieur lors d’une séance de travail commune avec Bernard Cazeneuve organisée à Fresnes, le 26 février 2015. Une relation entre les deux administrations qui s’est intensifiée ces dernières semaines pour couvrir tous les échelons (local, interrégional et central) atteignant par là un niveau inédit de coopération afin de mieux prévenir et lutter contre les actes de terrorisme.
Première séquence de cette réunion : le renseignement pénitentiaire, qui permet de détecter les mouvements de repli identitaire et de radicalisation. Sous l’impulsion de la garde des Sceaux, les dispositifs de renseignement pénitentiaire ont été renforcés et restructurés. Ainsi, ce sont près de 30 personnes qui sont désormais dédiées au renseignement pénitentiaire. Lors de la séance de travail, un personnel de la maison d’arrêt de Nanterre, en charge du renseignement, a par exemple expliqué que le renforcement de la surveillance de certaines zones communes de cet établissement, comme les lieux de promenade, a porté ses fruits. « Le renseignement pénitentiaire est très utile car il permet à la Police d’anticiper et de prioriser les cibles » a estimé, pour sa part, le ministre de l’Intérieur.
Autre mesure souhaitée par Christiane Taubira afin de renforcer l’efficacité du renseignement : la nomination d’un directeur des services pénitentiaires au sein de l’Unité de coordination et de lutte anti-terroriste. C’est chose faite depuis le 5 janvier 2015. Ce directeur, présent à la séance de travail, a souligné que la Police et la Justice « partagent les mêmes objectifs » et que sa nomination permet « un échange d’informations et de compétences ». Ce qu’a confirmé Bernard Cazeneuve : « en matière de lutte contre le terrorisme, le ministère de l’Intérieur et de la Justice sont en parfaite harmonie, il y a une excellente coopération ».
La détection des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation reste complexe. Les détenusradicalisés ou en voie de radicalisation ont en effet adapté et modifié leurs comportements afin de ne pas attirer l’attention. On parle ainsi de « signaux faibles », comme par exemple le refus de parler au personnel féminin, ou d’une radicalisation moins visible et revendiquée et donc plus difficile à détecter.
Un travail de prévention
La deuxième partie des échanges fut consacrée au travail de prévention. Christiane Taubira a tenu au recrutement d’aumôniers musulmans supplémentaires afin d’apaiser la détention et de diffuser un Islam éclairé. 30 ont déjà été recrutés, 60 aumôniers musulmans supplémentaires le seront 2015-2017. Une formation sur la laïcité a été mise en œuvre pour ces aumôniers et pour certains personnels pénitentiaires.
A la maison d’arrêt d’Osny, des mesures de prévention et de lutte contre la radicalisation des personnes détenues sont actuellement en cours d’expérimentation : travail interdisciplinaire avec le ministère de l’Education nationale et le ministère de la Santé, reconstruction des liens familiaux et mise en place de rencontres interconfessionnelles.
Le directeur de l’établissement a par ailleurs présenté la recherche-action, qui a commencé en janvier dernier à Osny et Fleury-Mérogis avec des partenaires associatifs (l’AFVT et Dialogue-Citoyen) et des universitaires afin d’améliorer les critères de détection des personnes détenues radicalisées et pour élaborer des programmes de prise en charge. « Il s’agit notamment de définir des critères pertinents et de construire des contre-discours » a précisé la ministre de la Justice.
Lire le dossier de presse « La Justice contre le terrorisme«