Le système pénal norvégien, tourné vers la réadaptation des criminels, prévoit néanmoins des peines pouvant se prolonger indéfiniment.
Le fait que la Norvège, qui a abrogé la perpétuité en 1971, ne condamne pas à plus de 21 ans de prison entre dans la philosophie de son système judiciaire, tourné vers la réadaptation des criminels, explique un professeur de droit norvégien.
Anders Behring Breivik a écopé vendredi 24 août de cette peine maximale pour l’attentat à la bombe et la fusillade lors desquels il a tué 77 personnes en juillet 2011.
En dehors de la Norvège, la peine a été parfois critiquée comme étant légère. Mais elle peut être prolongée indéfiniment, tant que le condamné est jugé dangereux pour la société. « Cela reflète la culture de la Norvège. L’objectif du système judiciaire est d’avoir au final une réhabilitation des criminels », déclare un spécialiste du droit pénal de l’université d’Oslo, Jo Stigen.
D’après lui, les Norvégiens ne pensent pas que leur justice a été clémente contre un homme condamné pour « actes terroristes ». « Il est psychologiquement satisfaisant qu’il ait reçu la peine maximale. C’est un signal fort à la société », relève-t-il.
Breivik jamais remis en liberté ?
Selon un sondage publié par le quotidien Verdens Gang, 62% des Norvégiens sont convaincus que Breivik « ne sera jamais remis en liberté », ce qui en ferait un prisonnier assez unique dans son pays.
Jo Stigen relève qu’aucun prisonnier norvégien n’est actuellement détenu depuis plus de 21 ans, les réaménagements de peine étant très fréquents. Un autre professeur de l’université d’Oslo, Hans Petter Graver, n’exclut pas que Breivik puisse faire moins de 21 ans de prison. « La règle principale du système norvégien n’est pas que les gens restent tout leur vie en prison mais qu’ils soient réintégrés à la société (…) Personne ne sait comment Breivik aura évolué dans 15, 20 ans (…) La société aussi évolue avec le temps », déclare-t-il sur le site du journal « Dagbladet ».
Perpétuité dans les cas de crime contre l’humanité et de génocide
C’est en 1971 que le législateur a mis fin à la perpétuité. La Norvège adapte alors son droit à une réalité: cette peine « n’avait plus été prononcée depuis longtemps », explique Jo Stigen. Le pays a dû ensuite, pour respecter ses obligations internationales, rétablir cette perpétuité dans les cas de crime contre l’humanité et de génocide. Aucun justiciable norvégien n’a jamais été poursuivi pour ces motifs.
La tuerie perpétrée par Breivik n’a pas véritablement réveillé de débat sur la peine de mort, dans un pays où la dernière exécution remonte, d’après Amnesty International à 1948, dans le cadre des purges d’après-guerre. Pour les criminels de droit commun, la peine capitale a été abolie en 1905.