Christophe Delu, ex-complice de Pascal Payet, s’est suicidé mercredi aux Baumettes. Sa famille porte plainte.
Christophe Delu s’était confié à coeur ouvert dans nos colonnes dans le cadre d’un article, paru en décembre 2012. On y évoquait notamment le fait que la prison ne faisait plus peur à certains jeunes délinquants. Lui, à l’inverse, témoignait de sa douloureuse expérience en quartier d’isolement, enfermé dans 9 m2 avec une télévision pour seule lucarne sur l’extérieur, 44 mois durant. Il faut dire que sa condamnation pour avoir aidé Pascal Payet à s’évader de la maison d’arrêt de Grasse en 2007 faisait craindre à l’administration qu’un commando ne vienne également à son secours…
La haine de ce qu’il appelait « le système » se lisait sur son visage. Il semble que la prison – « qui ne m’a apporté que 10 kilos de muscles », confiait-il à l’époque – l’a broyé, au point de se donner la mort, mercredi soir dans sa cellule du bâtiment B1 des Baumettes, dans laquelle l’homme de 35 ans a été trouvé pendu à ses draps. Christophe Delu, qui avait en 2012 déjà effectué huit ans de prison sur sa trentaine d’années de vie, avait écopé de deux nouvelles années d’incarcération, fin juin, pour port d’arme prohibée.
« On venait de finir de rénover son appartement à Plan-de-Cuques, raconte son papa, Jean-Claude. Le soir, il a un peu trop bu et le lendemain matin, il est alors allé boire le café avec une arme, non chargée, à la ceinture. Je ne sais pas pourquoi mais en tout cas, une dame âgée l’a vue et a appelé la police. »
Interné 3 fois pour dépression
Le 9 juin, Christophe Delu est de retour aux Baumettes pour 24 mois. « Il avait déjà été interné d’office à trois reprises l’été dernier pour dépression, argumente son avocat. Fin juin, à la suite de sa condamnation, une expertise psychiatrique a confirmé son état de profonde détresse qui l’a amené à faire une première tentative de suicide en avalant des médicaments. Il a passé une semaine à l’hôpital psychiatrique Valvert, puis a été transféré au service psychiatrique des Baumettes et il a finalement été placé dans une cellule, seul, alors qu’il est de coutume que ce genre de profil ne soit jamais laissé esseulé en détention car le danger de mort se cache dans la solitude. »
L’homme, qui vivait en couple et était père d’un garçon de deux ans, consultait le psy de l’établissement tous les lundis et avait perdu énormément de poids. Alors évidemment quand une dépêche AFP a fait état, jeudi, de ce que l’administration pénitentiaire assurait que ce détenu « n’avait pas été signalé comme particulièrement fragile », la famille de Christophe Delu s’est étranglée de colère, au point de déposer plainte au pénal pour « non-assistance à personne en danger » et aussi sur le plan administratif pour « faute de l’administration ».
« En le laissant seul, ils lui ont donné la corde pour se pendre », peste son père. Hier, l’administration pénitentiaire n’a pas souhaité répondre à nos questions. Christophe Delu sera inhumé ce matin.
Romain Capdepon