Prison: la vie suspendue, au quotidien

En prison, on organise tout pour vous. Un horaire immuable qui ramène la cloche du lever et celle du coucher, les repas apportés sans commande, l’électricité qui s’allume et s’éteint seul compose un endormant mécanisme auquel on s’abandonne.

Plus de volonté a faire valoir, plus de choix à effectuer plus de monotones démarches pour gagner son pain, plus d’efforts incessants pour résoudre ces milles petits problèmes de la vie courante, d’où naissent les soucis rongeurs qui abrègent la vie les femmes et de la société et qui ont disparus, leur spectacle décevant s’est évanoui ! Il n’est plus besoin de concession, de transaction pour les obliger a vous faire place. On perd la pensée peu a peu et n’est-ce pas un grand débarras?

En échange on gagne quelque fois la certitude. On cesse de s’écouter vivre…

Étrange vie au ralenti, sans événement ni secousse ! Il n’arrive plus rien !

Curieuse existence en veilleuse qui vous guérit de la fébrilité : désormais on mangera lentement, on n’auras plus hâte d’avoir finit ce qu’on n’a à peine commencé, on prolongera les rares conversations, on ne consultera plus sa montre, ; on découvrira les brins d’herbes et les taches du mur.

Les désirs et les besoins, seuls empêchements à un bonheur qu’on a méconnu naguère, se sont dissipés.

En même temps on cesse de vieillir. Il semble qu’on se voit figée dans son âge et dans son personnage d’hier…

La vie suspendue ne recommencera qu’au jour de la libération. On ne songe pas que rien au-dehors ai pu changer, puisqu’on était absente et que sans vous le monde n’est plus.

Le temps est venue de réfléchir aux vrais problèmes, ceux que la fièvre passée ne vous laissait jamais le temps d’examiner, problèmes de la destinée et de l’âme.

Sans la prison peut-être fussiez vous mortes, comme la plupart des femmes, sans jamais trouver une journée entière a leur consacrer.
En prison, on prend conscience de soi même, on apprend à se connaître ; on fait sur soi d’étonnantes découvertes. Et quel réconfort si l’on peut se trouver un cœur ferme et fort!

Telle sont les fortes nourritures de la solitude!

source : Huffingtonpost.fr
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