Prison : se réinsérer grâce à la médiation animale

Depuis 2013, le centre pénitentiaire d’Alençon-Condé sur-Sarthe collabore avec l’association handichiens. Objectif : faire participer des personnes détenues à l’éducation de chiens pour les personnes handicapées pendant 6 mois grâce au soutien financier de la Fondation de France et la Fondation Adrienne et Pierre Sommer.

Sophie Lasne travaille pour handi’chiens depuis 1992. Convaincue du bienfait des animaux sur les êtres humains, elle intervient au centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe en tant que médiatrice animale.

Comment se déroule l’activité en détention ?

« Les séances de  médiation animale se déroulent de septembre à juin dans une salle de l’unité sanitaire du centre pénitentiaire. Dès leur arrivée en détention,  les chiens favorisent la communication et leur présence dans l’unité suscite de la curiosité et des échanges avec les professionnels de la santé, les surveillants et entre les personnes détenues.

Deux groupes de 4 personnes détenues, sélectionnées sur critères (comportement, activité dans leurparcours de réinsertion, gestion des émotions), apprennent à s’occuper de 4 labradors. Ces chiens entament leur dernier cycle d’éducation au centre Handi’chiens d’Alençon pour devenir des chiens d’assistance auprès de personnes en situation d’handicap.

Lors de ces séances, les personnes détenues participent à différentes activités avec leur chien. Par exemple, le toilettage permet d’établir un lien et favorise le contact avec l’animal. Je leur transmets également des notions de psychologie et d’éducation canine (travail sur les commandes, sur les intonations, observation du chien).

Les personnes détenues prennent conscience de leur responsabilité durant l’activité : devenir maitre d’un chien implique d’apprendre à le connaître, d’en être responsable, de s’en occuper et surtout d’assurer son bien-être. Je les sensibilise également sur le handicap qui est  la raison d’être de notre association ».

 Quel est l’effet sur les personnes détenues ?

« De nombreux bienfaits ! L’activité offre une parenthèse dans leur détention. Chaque semaine, elles sont présentes et ne ratent aucune séance.

Beaucoup de participants ont connu la violence dans leurs parcours de vie. La présence d’un chien les apaise car elle agit comme un médiateur : les chiens ne jugent pas et ils donnent de l’affection sans rien attendre en retour. A leur contact, les personnes détenues se sentent utiles, valorisées et se découvrent sous un autre jour.

Auparavant certains participants avaient des chiens mais n’avaient aucune notion d’éducation. Avec cette activité, ils prennent conscience de l’importance d’éduquer un animal avec de la douceur, de l’amour et du respect.

Participer à l’éducation de ces chiens lors des séances de médiation animale aide à leur parcours de réinsertion. Il s’agit surtout d’une activité valorisante : les personnes détenues ont toutes envie de bien faire pour pouvoir aider une personne handicapée.

Cette activité leur donne une meilleure estime de soi et leur permet de redonner un sens à leur vie avec des perspectives d’avenir. Certains souhaitent prendre un chien à leur sortie et mettre en application ce qu’elles ont appris ».

Quels sont vos projets pour cette activité ?

« Je souhaite continuer cette activité en détention que je mène également au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes. L’activité est d’ailleurs reconduite et dès la rentrée 2015 de nouvelles personnes détenues pourront en bénéficier et profiter de la présence des chiens.

J’aimerais également aller plus loin en permettant au chien de séjourner avec une personne détenue endétention pour sa pré-éducation avant d’être confié á un centre d’éducation et ensuite remis à une personne en situation de handicap.

Je pense qu’il serait également intéressant de proposer une telle activité avec un public de mineurs. Le chien aurait alors toute sa place avec des jeunes détenus souffrant souvent de carences affectives« .

 

>> Découvrir l’association Handi’chiens , la Fondation de France et la Fondation Adrienne et Pierre Sommer.
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