Muriel Domenach, qui quitte la tête du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, dresse le bilan pour « Le Monde ».
Secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) depuis fin 2016, Muriel Domenach, diplomate de carrière, a été nommée ambassadrice de la France auprès de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), où elle avait exercé en tant que conseillère en 2005. A la veille de son départ, elle dresse le bilan de son action au sein du CIPDR. Sous l’autorité du premier ministre Edouard Philippe, le secrétariat général du comité compte trente-deux personnes et dispose d’un budget de 64 millions d’euros en 2019, sur l’enveloppe du ministère de l’intérieur.
Votre action depuis trois ans est axée sur la prévention de la radicalisation plutôt que sur la déradicalisation. Qu’est-ce que cela a changé ?
Avec la déradicalisation, on a cru qu’il existait une recette magique pour déprogrammer un individu comme un logiciel. C’était une attente irréaliste.
Dès 2014, la politique publique insistait sur la prévention. Les premières expériences ont fait apparaître toute la complexité des processus à l’œuvre : il n’y a pas un profil type, mais une diversité de profils et de ressorts. C’est en activant, et en formant, tous les professionnels sociaux de terrain « classiques », comme les professeurs, les éducateurs, les médiateurs, les psychologues et les référents religieux, que l’on parvient à des résultats. Pas en laissant le sujet aux mains de gourous autoproclamés.