Un surveillant de la maison d’arrêt d’Amiens a été condamné, mardi 4 août, à six mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger après la mort en 2011 d’un détenu qui avait avalé une boîte entière de calmants, ont indiqué des avocats.
Le surveillant, chef de vacation durant la nuit du 2 au 3 mars 2011, s’était vu signaler par ses subalternes l’état léthargique d’Eddy C., connu pour être dépressif et qui avait plusieurs fois attenté à sa vie.
Le gardien avait alors décidé de faire surveiller le détenu quadragénaire par ses codétenus, sans appeler les secours malgré la présence d’un médecin dans la prison. Au matin, Eddy C. avait été retrouvé mort.
Le tribunal a assorti les six mois de sursis de plusieurs dizaines de milliers d’euros à verser à la famille de la victime. Le surveillant pourra cependant continuer sa carrière puisque sa condamnation ne sera pas inscrite sur son casier B2, délivré aux administrations.
Le surveillant avait argué lors de son procès en juin au tribunal correctionnel d’Amiens qu’il n’avait pas pris la mesure de l’état de santé du détenu, pensant qu’il dormait. La dépression continuelle de celui-ci aurait rendu l’exercice d’autant plus ardu.
« Mauvaises habitudes » dans les maisons d’arrêt
Mais le tribunal a estimé que l’abstention volontaire de porter secours était caractérisée. « C’est une succession de mauvaises habitudes prises dans les maisons d’arrêt compte tenu des faibles ressources, qui fait qu’on arrive à des désastres comme celui-ci », a estimé l’avocat des parties civiles, Arnaud Godreuil.
« On sait très bien qu’on ne va pas faire appeler les secours à 23 heures et les faire escorter quand on est sept à tout casser pour surveiller 500 détenus toute la nuit, a-t-il poursuivi. On essaie ainsi de juger comme on le peut une situation, sauf qu’un surveillant n’a pas le pouvoir d’appréciation d’un état de santé ».
Dès lors pour l’avocat, l’affaire est révélatrice de l’état des prisons françaises. « Les difficultés carcérales se posent autant pour les détenus que pour les surveillants, le manque d’effectifs, d’investissements », a-t-il soutenu.
Le conseil du surveillant, Djamila Berriah, n’a pas souhaité faire de commentaire, ni indiquer si son client allait faire appel. Fin juillet, la ministre de la justice, Christiane Taubira, a reconnu l’existence de « conditions indignes » dans certaines maisons d’arrêt en France, en raison de la surpopulation carcérale.