L’un ne veut plus sortir après près d’un demi-siècle en prison. Un autre multiplie les incidents et les années à l’isolement. Plusieurs ont replongé après leur libération. Des spécialistes des longues peines pointent la gestion complexe de ces détenus « sans espoir » et leur épineuse réinsertion.
« Pour pouvoir survivre, leur avenir n’est pas à 20 ou 30 ans, mais à dix ou quinze jours », assure Damien Pellen, directeur du centre de détention d’Argentan (Orne), passé par les maisons centrales de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) et de Condé-sur-Sarthe (Orne).
Cinq, dix ou vingt ans? Il n’existe pas de définition de la longue peine, mais pour M. Pellen au-delà de « dix, douze ans, on sent une rupture avec l’extérieur. Il y a une telle évolution technologique, sociétale qu’ils sont complètement déconnectés quand ils sortent ».
Des études ont démontré que les effets psycho-sociaux d’une incarcération et la perte d’autonomie et de repères se ressentent dès cinq ans, rappelle Marie Crétenot, juriste à l’Observatoire international des prisons (OIP).